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Les horaires décalés augmenteraient-ils le risque de cancer du sein ?

Le cancer du sein est le type de cancer le plus répandu dans le monde et l’une des principales causes de décès chez les femmes. Une étude réalisée par les chercheurs de l’UMR935 à Villejuif, grâce au soutien financier de la Fondation de l’Avenir, vient d’établir un lien entre le travail de nuit et l’augmentation du risque de cancer, suggérant que la perturbation du rythme circadien joue un rôle dans la cancérogenèse. Ces travaux ont été publiés dans la revue Nature Communications mercredi 24 juin 2020.

Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez les femmes. Le risque cumulé qu’une femme développe un cancer du sein est d’environ 5 % dans le monde, avec un risque de décès de 1,4 %. En 2018, plus de 2 millions de nouveaux cas ont été diagnostiqués, ce qui représente près de 25 % de tous les cas de cancer dans le monde.

Différentes études épidémiologiques menées ces dernières années ont permis de mieux appréhender les facteurs susceptibles d’accroître les risques de développer un cancer du sein. On sait ainsi que moins de 10% des cas seraient héréditaires et auraient une origine génétique. Dans la majorité des cas, les différents facteurs de risques identifiés sont : des facteurs comportementaux liés par exemple à une mauvaise alimentation ou à la consommation d’alcool ; des facteurs hormonaux en lien avec une prise de pilule très précoce ou très prolongée ou encore la prise de traitement hormonaux à la ménopause ; et enfin des facteurs environnementaux tels que la pollution de l’air ou des cycles lumière/obscurité modifiés, comme ceux que connaissent les travailleurs de nuit.

C’est justement à cet effet du décalage horaire chronique sur le développement des tumeurs mammaires que se sont intéressés les chercheurs du laboratoire U935 (Inserm/UPSaclay).

Par l’utilisation d’un modèle murin de cancer du sein, les chercheurs ont montré que le dérèglement du rythme veille/sommeil augmente la dissémination des cellules cancéreuses et la formation de métastases. Cette étude révèle également que ces dérèglements du rythme circadien rendent le système immunitaire plus permissif à la dissémination des cellules cancéreuses en modifiant le micro-environnement tumoral. Ainsi, l’augmentation de l’expression de la chemokine Cxcl5 dans les tumeurs, conduit à une infiltration accrue de cellules myéloïdes qui favorise un microenvironnement immunosuppresseur. Ces effets négatifs peuvent être corrigés par l’utilisation d’un inhibiteur de la voie CXCR2/CXCL5 et donc limiter l’effet du stress circadien sur la progression tumorale.

Ces résultats expérimentaux confortent les résultats d’études épidémiologiques montrant que les femmes pré-ménopausées exposées par leur travail à des rythmes décalés sur de longues périodes seraient particulièrement exposées à des cancers du sein plus agressifs.

Ces travaux ont été publiés dans la revue Nature Communications mercredi 24 juin 2020.
L’article, en anglais, est à retrouver en cliquant ici.

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