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Le comité d’éthique de l’Inca réfléchit aux enjeux de la médecine préventive et prédictive

La médecine préventive et prédictive est l’objet d’un avis du Comité de déontologie et d’éthique (CDE) de l’Institut national du cancer (Inca). Il prône l’information de l’individu pour un choix éclairé et des formations adaptées aux usages de l’oncogénétique.

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La médecine préventive concerne toutes les actions de prévention et de dépistage menées en cancérologie. Pour le comité, la prévention se situe à l’interface entre “l’éthique du soin“, orientée vers l’intérêt particulier de la personne malade, et “l’éthique de la santé publique“, orientée vers l’intérêt général de la population. Il distingue trois modèles entre lesquels oscillent les décisions en santé publique.

Dans le premier, la puissance publique contraint l’individu à se soumettre à des actions de santé publique afin de protéger l’intérêt collectif, comme l’interdiction de fumer dans les lieux publics ou une campagne de vaccination obligatoire.

Dans le deuxième, les pouvoirs publics proposent des actions de prévention validées scientifiquement, comme les dépistages des cancers du sein et du côlon. “Des améliorations demeurent nécessaires concernant l’information, les inégalités d’accès ou les inégalités territoriales“, note le comité pour qui l’enjeu est de s’assurer que l’ensemble des informations mises à disposition permet un choix éclairé de l’individu.

Le troisième modèle consiste en une responsabilisation de l’individu à l’égard de sa santé, avec une information délivrée par les pouvoirs publics sur les comportements de santé à adopter selon les recommandations en cours, « Manger bouger ».

 

L’information de l’individu au cœur des décisions

Dans ces trois cas, “le point de vigilance pour le décideur serait ainsi de s’assurer que le citoyen est bien au centre de ces actions“, estime le CDE. Il développe sa réflexion sur la médecine prédictive, qui “s’appuie sur la mise en œuvre précoce d’une prise en charge individuelle destinée à éviter le développement d’une pathologie donnée chez des individus préalablement définis comme à risque“.

L’intervention de la génétique pose notamment la question d’évaluer les bénéfices et les risques de ces analyses, en prenant en compte la liberté de l’individu d’en connaitre ou non les résultats. Un enjeu important alors que se pose la question de proposer ces tests en population générale. “Le bénéfice en santé de transmettre des données génétiques non initialement recherchées devrait être évalué et les critères d’analyse élargie devraient être définis à l’aune de ces bénéfices“, note le comité.

 

Des formations adaptées face à l’oncogénétique

Pour le CDE, le développement de l’oncogénétique nécessite de penser de nouvelles compétences professionnelles à enseigner. Il évoque le métier de conseiller en génétique, le rôle important des psychologues et le potentiel des infirmiers de pratique avancée (IPA) pour accompagner les personnes face à la révélation de prédispositions génétiques. Les compétences nouvelles incluraient la gestion de la prédictivité sur individu sain, la communication sur les risques ou encore l’accompagnement à la prise de décision face aux démarches de prévention proposées.

Des questions auxquelles devrait en partie répondre le plan France médecine génomique 2025. Si l’évolution de ces deux médecines offre des perspectives de progrès en cancérologie, le comité insiste en conclusion sur l’importance de veiller à ce que soit maintenu “un équilibre entre d’une part l’individu, ses vulnérabilités et sa liberté, et d’autre part les politiques de santé publique destinées à l’ensemble de la société“.

 

Liens et documents associés
L’avis du CDE [PDF]

 

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